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jeudi 4 mai 2017

Les petits ruisseaux, les grandes rivières


© Les enfants de l'école Pihet, avec Ludivine et Isabelle

Ils sont venus avec des pelles et des pots et ont soigneusement déterré les géraniums vivaces qui avaient pourtant voyagé longtemps pour venir jusqu'ici
Les offrandes des voisins bienveillants sont également portées disparues à la suite de ce carnage.

Aïe ! Encore un coup porté à l'équilibre précaire de ce jardin tout frais !
Mais vrai ! Quand on cultive son jardin, on ne compte ni ne photographie les fleurs qui fanent ou disparaissent, grignotées quelquefois par des rats trop gourmands : on se réjouit de celles qui naissent. C'est ainsi, c'est dans l'ordre des jardins : celui du pollen.

D'ailleurs, un premier feuillage est sorti ces jours-ci, au contenu onusien. 
Qu'on se le dise : dans le Jardin des connaissances, les Droits de l'homme bourgeonnent progressivement sur les murs de l'école républicaine


 ©ARySQUE

Et puis surprise : là, au sud du passage, sur le mur tout en bas de l'école maternelle, au pied des fleurs civiquacées et de l'arbre à coccinelles, a jailli un ruisseau qui foisonne de poissons multicolores.




Le plus étonnant, c'est que ces poissons ne sont pas juste de très jolis-poissons. 
Il suffit qu'on les réunisse pour qu'ils déclament des vers ! 

Pour le moment, un seul a parlé.
Patience ! Les poissons-poètes du Jardin des connaissances viennent seulement d'arriver. 


© Issia

Peut-être attiré par ce chant d'un poisson que les papillons charment, un jeune indien discret est venu voir pousser ce jardin plein de mots.



Un peu plus haut, à 150 millions de kilomètres, le soleil a lui aussi tourné la tête vers le passage Beslay…

Voilà qui devrait nous aider à progresser dans le printemps.


mardi 25 avril 2017

Une éternité bâtie d'éphémère

©ARySQUE

Quand on arrivait dans le passage Beslay par la rue de la Folie-Méricourt, elle vous accueillait discrètement, respirant le parfum de sa fleur, sous son soleil fil de fer. C'est à peine si on la voyait. 
C'est dire si elle dérangeait peu. Tout juste distrayait-elle les passants qui laissaient traîner leurs yeux sur les jardinières, les enfants surtout, parce qu'ils l'avaient à portée de regard.

Faut dire : quand on l'observait du côté de l'école maternelle, elle se faisait plus visible avec son foulard coloré et sa boucle d'oreille en pétale de rose. Quand il ventait, elle poussait même l'indiscrétion jusqu'à faire tinter la clochette de son œil et l'on tournait la tête, étonnés de la trouver là.



Je ne connais pas son nom. En fait, elle n'a pas eu le temps d'en avoir un.
Ce matin, elle avait disparu, sous l'acharnement de quelque malveillance. 
On n'avait pas même pris soin de la dévisser soigneusement pour l'emporter au chaud. Elle eut la tête arrachée sans ménagement, après que son soleil, bien des jours auparavant, se fut couché définitivement. 
Sa fleur fut tordue mais résista à l'assaut. Je veux croire que son coeur constitué des gants que les enfants avaient salis en peignant ces jardinières lui ont donné la force de tenir.

La découverte m'a pincé le cœur. C'est triste une rose mangée par un mouton… 

Et puis je me suis souvenue que je le savais bien, que nous avions prévu cela : dans le Jardin des connaissances tout est périssable et chaque espèce implantée n'est pas sûre de tenir. Ainsi va le street-art, ainsi vont les jardins : une éternité bâtie d'éphémère.

Alors, j'ai regardé les fleurs qui poussaient dans les jardinières et je fus rassurée : des voisins bienveillants avaient équilibré le vivre-ensemble dans le passage Beslay.
Là, on avait planté de nouvelles fleurs, sans laisser de nom, juste pour donner. (Merci)



Dans plusieurs jardinières, les capucines semées avec Cyril étiraient vers le soleil leurs premières feuilles délicates. 



A côté, les campanules qui souffraient sur mon balcon il y a quelques semaines encore, prenaient leurs aises violines.



"Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes" (*), ai-je pensé. 
Parce que demain, avec les enfants des écoles, nous avons rendez-vous avec des poissons-poètes qui vont venir s'installer dans le passage. Il paraît même qu'on affichera aussi les premiers articles de la Déclaration des droits de l'homme, signée à l'ONU en 1948, et notamment le tout premier :
" Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité."
A bientôt.

(*) le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupery

vendredi 24 mars 2017

En balade avec les coccinelles


Au petit matin de mercredi, avec un café et quelques biscuits, nous nous sommes retrouvés passage Beslay. Il y avait là parents et enfants, quelques passants et des visiteurs venus expressément… Bref, le quartier avant 9h et un petit peu plus.
On prenait le petit-déjeuner pour la première fois dans le Jardin des connaissances encore à peine esquissé. Dans la nuit, les murs avaient fleuri et l'on pouvait découvrir, sur une grande toile, quelques espèces végétales typiques du Jardin des connaissances : des plantes avec des mots, des chiffres, des dessins et/ou des photos.





Après le démontage musclé de palettes et pendant que d'autres utilisaient le matériel ainsi récupéré pour construire des jardinières dans le Jardin Partagé Truillot, nous avons continué à embellir Beslay avec les écoles du passage et des enfants du quartier venus partager avec nous ce moment de création en plein air. 

A la fin de la journée, des patients du centre d'accueil de jour Marie de Miribel sont venus nous rendre visite pour planter des fleurs éphémères dans les jardinières. Pendant ce temps-là, les enfants posaient les dernières touches d'acrylique, en voletant d'un bac à l'autre.





Ce matin, vendredi, le Jardin des connaissances a essuyé sa première série d'averses violentes. 
Petit tour après la pluie : les fleurs sont arrosées, les chiens gardent la tête haute malgré quelques tentatives de censure sur la campagne anti-crottes
Radieuses, les fleurs de Miribel sèchent sous le ciel gris. 
Quelques-une ont été cueillies… à moins que le vent les emporta. 







le Jardin des connaissances - 22 mars 2017
©ARySQUE et les enfants accompagnés de leurs animateurs des écoles Pihet et Beslay,
ainsi que les patients du Centre d'accueil de jour Marie de Miribel


Nous sommes donc prêts pour la Fête des coccinelles dimanche après-midi. 
On vous réserve quelques petites surprises entre le Jardin partagé Truillot et le passage Beslay aux alentours de 15h. A l'heure où j'écris, on annonce pour cette fête, le retour d'une météo printanière… 

En attendant,  pour les coccinelles, deux poèmes en dédicace de la part du Jardin des connaissances. Le premier est d'Edmond Rostand, le second de Victor Hugo. 
Si vous en avez d'autres, n'hésitez pas à les poster en commentaires  :


Coccinelle, demoiselle
Où t’en vas-tu donc ?
Je m’en vais dans le soleil
Car c’est là qu’est ma maison.
Bonjour, bonjour, dit le soleil,
Il fait chaud et il fait bon.
Le monde est plein de merveilles.

Il fait bon se lever tôt.

Edmond Rostand




Elle me dit : Quelque chose
Me tourmente. Et j'aperçus
Son cou de neige, et, dessus,
Un petit insecte rose.

J'aurais dû -mais, sage ou fou,
A seize ans on est farouche,
Voir le baiser sur sa bouche
Plus que l'insecte à son cou.

On eût dit un coquillage ;
Dos rose et taché de noir.
Les fauvettes pour nous voir
Se penchaient dans le feuillage.

Sa bouche franche était là :
Je me courbai sur la belle,
Et je pris la coccinelle ;
Mais le baiser s'envola.

- Fils, apprends comme on me nomme,
Dit l'insecte du ciel bleu,
Les bêtes sont au bon Dieu,
Mais la bêtise est à l'homme.

Victor Hugo